Née en 1968, elle a commencé sa carrière dans le cinéma et la télévision. Mais c’est une amoureuse des livres et de la littérature : elle ouvre une librairie à Paris puis à Toulouse dans les années 2000. Pendant 11 ans elle mène «cette librairie en colère» qu’elle abandonne suite à son rachat, elle raconte la perte de son indépendance face aux chaînes de distribution dans« Fahrenheit 2010 ».
Ses nombreux romans traitent de thèmes forts : complexité des liens entre les membres d’une famille, poids du silence, exil et lien à la terre perdue, importance des souvenirs. Dans une prose proche de la poésie elle développe son goût pour la nature (lié à la Méditerranée) le voyage. Elle a écrit des contes pour enfants : « Le chameau le plus rapide du désert » (Chêne Jeunesse 2006), « La poule portée par la foule » 2015. Persuadée du rôle essentiel de la lecture dans la construction intellectuelle, elle a été très touchée par les Prix des lycéens italiens (prix Murat pour « Un homme perdu », 2012 éd Naïve) et français (Femina des lycéens pour « Je voudrais que la nuit me prenne ».
Aujourd’hui elle a créé une maison d’écrivains, à Cavignac dans le Lot, nommée « De pure fiction », elle y reçoit des auteurs pour les soutenir dans leur processus créatif.

Histoire de la femme sauvage

Isabelle Desesquelles clôt ici un cycle commencé il y a 20 ans avec « Je me souviens de tout » elle reprend pour sa narratrice le même prénom : Laure (son double) ; ce dernier roman, a été mené de front avec l’avant-dernier « Là où je nous entraîne » ce qui explique les convergences : la Méditerranée et place des oliveraies.
Ce sont des récits intimes, personnels, marqués par les manques des histoires familiales, les non-dits. Mémoire confisquée.
Deux récits s’entrecroisent. Celui de Made à l’été 54 en Kabylie : insouciance et jeux de deux fillettes, Made et Nour dans l’oliveraie du domaine familial.
C’est aussi l’exil en 61, l’abandon de ces lieux aimés pour la France. Puis celui de Laure, 50 ans plus tard, dans une maison du Causse, qui s’interroge sur les quelques bribes lâchées par sa famille sur leur vie d’avant et un désir : retrouver les traces de ses ancêtres, connaître ce qu’il s’est passé. Quatre générations de femmes, bousculées par les hommes et la société. La nature et les animaux (cheval, fennec, chardonnerets, chevreuil) sont présentés avec beaucoup de sensibilité. Un texte dense, imagé « l’amourpeur » et en même temps allusif.