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NĂ©e en 1979 Ă  Paris, de parents venus d’ex-Yougoslavie, Jakuta Alikavazovic a un caractĂšre bien trempĂ© et des qualitĂ©s multiples. Normalienne, pensionnaire de la villa MĂ©dicis (2013-2014), titulaire de la chaire d’écrivain en rĂ©sidence Ă  Sciences Po Paris (2024-2025), romanciĂšre, chroniqueuse, traductrice.
Tout commence en 2006 avec des nouvelles, Histoires contre nature (Ă©d. de l’Olivier), bourse d’écrivain de la Fondation LagardĂšre en 2007, annĂ©e oĂč elle publie son premier roman Corps volatils (Ă©d. de l’Olivier, Goncourt du premier roman 2008). Suivent, chez le mĂȘme Ă©diteur, plusieurs romans, tous remarquĂ©s, notamment La Blonde et le bunker (2012), mention spĂ©ciale du prix Wepler. Jakuta Alikavazovic a aussi traduit une vingtaine de livres, dont Vies et mort de Sophie Blind, unique et magnifique roman de Susan Taubes (Rivages, 2024). Ses chroniques pour LibĂ©ration (depuis 2019), ont Ă©tĂ© rĂ©unies dans Faites un vƓu (Ă©d. de l’Olivier, 2022)
En 2021, un prix MĂ©dicis trĂšs mĂ©ritĂ© a rĂ©compensĂ© Comme un ciel en nous (Stock « Ma nuit au musĂ©e Â»). Cette nuit au Louvre Ă©tait plutĂŽt une occasion pour, dit-elle « redevenir la fille de mon pĂšre Â». Rien d’étonnant donc qu’ Au grand jamais, (Gallimard, 2025), explore le cĂŽtĂ© de la mĂšre.

AU GRAND JAMAIS

A l’automne 2025, beaucoup d’écrivains avaient choisi de parler de leur famille, en particulier les pĂšres et les mĂšres. Mais Au grand jamais, de Jakuta Alikavazovic, consacrĂ©, notamment, Ă  la figure de sa mĂšre, morte « dans son fauteuil », se distingue par son style et sa construction.
« Une femme disparaĂźt. Quel clichĂ©. Et puis un jour ce n’est plus un clichĂ©. [
] Ta mĂšre, vous dit-il. C’est ta mĂšre. » Il va donc ĂȘtre question de cette femme, venue d’ex-Yougoslavie en France en 1972.
Une poĂšte, dont les recueils avaient Ă©tĂ© remarquĂ©s dans son pays, et qui, exilĂ©e, a peu Ă  peu cessĂ© d’écrire. Mais Jakuta Alikavazovic a su Ă©chapper au rĂ©cit linĂ©aire et biographique de sa mĂšre et d’elle-mĂȘme, pour un parcours plus poĂ©tique, avec des allers-retours, des ellipses. La grande question est : comment accepter qu’elle se soit tue, qu’elle ait « dĂ©missionné », « abdiqué » ? Et comment le comprendre ? C’est l’énigme de toute vie. Et elle rĂ©siste. Mais, au bout du chemin, Jakuta Alikavazovic peut passer de « longtemps, trĂšs longtemps, je n’ai rien eu Ă  dire sur ma mĂšre », Ă  « quelle chance j’ai eue, tout de mĂȘme, de l’avoir elle pour mĂšre, et pas une autre ». Une chance qu’elle sait faire partager Ă  ses lecteurs.

Bibliographie sommaire

Aux Ă©ditions de l’Olivier :
Corps Volatils, 2007. Goncourt du premier roman 2008.
Le Londres-Louxor, 2010
L’AvancĂ©e de la nuit, 2017
Aux Ă©ditions Stock :
Comme un ciel en nous, 2021, prix Médicis essai.
Aux Ă©ditions Gallimard :
Au grand jamais, 2025